Ce simple rappel historique nous montre que la paix (donc, une forme de bonheur, selon les anciens, comme pour nous, d’ailleurs), ne sera jamais acquise tant que les hommes seront dupes d’eux-mêmes car le manque de lucidité est un crime, non seulement vis à vis de soi, mais également vis à vis des autres. La Grèce était donc totalement asservie. Ces deux seuls exemples montrent combien cette question est difficile. Chez lui, le plaisir n'est qu'un remède partiel au manque de bien. Le politique, 294a. Émanations des hommes, elles en épousent le destin... 16- Pour Aristote, comme pour la pensée de cette époque, d’ailleurs, la constitution est étroitement liée à la notion de régime politique. Gravement menacé, le philosophe jugea plus prudent de s’exiler afin, dit-il, : « D’épargner aux Athéniens l’opprobre d’un second crime contre la philosophie. Controverse sur la propriété chez Platon et Aristote (VI) Par Ahmed MAROUANI Enseignant universitaire de philosophie ... * Luccioni (Jean), La pensée politique de Platon, P. U. F., Paris, publications de la faculté des lettres d’Alger, 1958. ghismoi ghismoi 19 avril 2015 Aristote, Platon - Dès lors, un homme recourt à un autre pour un besoin particulier, puis à un autre en fonction de tel autre besoin, et parce qu'ils manquent d'une multitude de choses, les hommes se rassemblent nombreux au sein d'une même fondation pour s'entraider. ETHIQUE A NICOMAQUE : les vertus de l’homme et la définition du savoir pratique. Cet enchaînement n’a pas, pour Platon, une valeur historique : comme dans le Timée, il s’agit de présenter une succession essentiellement logique. La division (diariesis) est la « méthode préférée du dialecticien Â»[22]. Il s’agit là d’un des reproches implicites adressés récemment par les « nuits debout » à notre système politique (Se reporter à mon article : Approche générale.) A-t-il conscience de leurs besoins ? Toutefois, si nous nous référons au contexte sociopolitique de l’époque, cela n’a rien de surprenant car la souveraineté de la cité était étroitement liée au pouvoir. De fait, les diverses éthiques (aristotélicienne, stoïcienne, épicurienne etc.) Pour lui, en effet, et même s’il ne recourt pas à ce terme, l’homme et le « gouvernement » anarchiques se caractérisent par l’absence d’une direction politique forte et du refus d’obéissance des citoyens envers les lois promulguées : « Or, vois-tu le résultat de tous ces abus accumulés ? Conséquemment, « l’homme étant un animal politique (selon Aristote) », il détiendrait une sorte de savoir inné, une compétence a priori lui permettant d’exercer une charge politique sans qu’il ait besoin d’une formation préalable. Bien que différents sur beaucoup de points, Platon et Aristote ont montré (suggéré, plutôt) que la démocratie est, parmi les modèles politiques imaginés par les humains, l’un des plus fragile. Or, et lorsque les institutions manifestent quelques faiblesses, les citoyens sont tentés de s’en remettre à des démagogues suffisamment talentueux pour prétendre les représenter : « Ces démagogues, nous dit Aristote (Les politiques, p. 307), sont cause que les décrets sont souverains et non les lois, en portant tout devant le peuple. Écoutons Platon : « Mais quand il (le tyran), s’est débarrassé de ses ennemis du dehors en traitant avec les uns, en ruinant les autres, et qu’il est tranquille de ce coté, il commence toujours par susciter des guerres, pour que le peuple ait besoin d’un chef. Périclès, par exemple, donna un cadre juridique à la citoyenneté :  désormais, celle-ci était réservée à ceux qui étaient nés de père et mère Grecs. Cette orientation politique de la démocratie ne pouvait que heurter le postulat fondamental de la philosophie : comment rendre l’homme meilleur ? Nous pouvons remarquer, ici, l’ambiguïté organique qui émane de cette définition. » Enchaînons avec Aristote : « Mais quand les citoyens, étant devenus pires, se mirent à spéculer au détriment de la chose publique, c’est vraisemblablement de là que vint l’oligarchie car c’est la richesse qu’on mit à l’honneur. À ce moment, les interlocuteurs s'interrogent sur le rapport entre la technique politique et le tissage, ce qui les amène à une discussion sur la mesure. Les Politiques, p. 103. Pour Platon, le guerrier doit être à la fois le défenseur et le protecteur de la cité, c'est-à-dire le gardien comme il les nommera dans La République. Toutefois, l’homme étant ce qu’il est c’est à dire : un être libre en raison et en conscience (et très souvent à la merci de ses passions), il ne peut exister d’universalité, ni d’idées ni de comportements, entre les hommes. Telle est donc à peu près la définition du citoyen qui s’adapte le mieux à tous les gens qui sont dits citoyens. La principale erreur à ne pas commettre consisterait à intégrer l’isonomie dans l’opposition moderne entre égalité de droit (égalité formelle) et égalité de fait (égalité réelle.) Cette méthode est décrite dans le Phèdre, le Philèbe, le Sophiste et Le Politique. Aristote : Les politiques », 1- Précédemment ( Cf. II/ La liberté et le mal chez Platon. Certes  ! Note : Remarquons que notre nouveau Président de la République, Emmanuel Macron, semble suivre cette voie. Platon (~ 425–348 avant notre ère) et Aristote (384–322 avant notre ère) sont sans doute les deux philosophes grecs les plus influents dans le développement des civilisations eurasiennes occidentales, mais parmi leurs différences, il y en avait une qui a eu un impact sur la façon dont les femmes sont traitées même aujourd'hui. La philosophie lui apporterait-il la faculté de penser ? En effet, ce système d’organisation sociale, en tant que structure politique, est un processus avant d’être une valeur. » Cette vertu, pour le stagirite, est l’excellence même qui fonde le citoyen et la cité car, pense-t-il : « Il est manifeste que la cité qui mérite vraiment ce nom, et non celle qui est ainsi nommée par abus de langage, doit s’occuper de vertu (...) Les Politiques, p. 248. Si nous en restons là, « les deux termes désignent ce qui a trait aux mœurs, au caractère, aux attitudes humaines en général et, en particulier, aux règles de conduite et à leur justification » Eric Weil, in Universalis. La nature n’est pas idyllique  ! Il découle de ceci que la constitution est la garante de l’État de droit (lorsqu’il existe) et des lois qu’il génère.) C’est pourquoi, et notamment dans le domaine politique, il faut se prémunir contre l’erreur « sociocentrique » qui consisterait à attribuer au passé les valeurs du présent. Par exemple, la notion « d’État », telle que nous la concevons aujourd’hui, ne s’apparente guère avec celle qui prédominait durant le siècle de Périclès (Ve siècle av. Dans ce domaine, il semble bien que nous assistions au retour en force de l’éthique (orientée, pour nous, vers la déontologie.) A l’opposite de ce dernier, le monde intelligible est constitué d’êtres stables, non-changeants, et toujours identiques à eux-mêmes. La liberté trouve son champ d’application dans la double exigence de justice chez l’homme et dans la cité, au niveau individuel et social. Et ils en viennent à la fin, tu le sais, à ne plus s’inquiéter des lois écrites ou non écrites, afin de n’avoir absolument aucun maître. C’est la condition sine qua non pour que soient acceptées les limitations des libertés individuelles imposées par l’État dont l’action, cependant, est la seule force susceptible de les garantir. Lois, sans lesquelles nous tous serions soumis à celle du plus fort. Le Politique, enfin, traite de la science nécessaire au bon politique1. En fait, la question posée est celle-ci : que doit-on faire (juridiquement) afin que les hommes politiques soient enfin dignes d’exercer leur charge ? » L’articulation entre éthique politique et, donc cité, ne peut être davantage revendiquée. Seulement, Aristote considère le bonheur (donc le but ultime de l’éthique de cette époque) comme fin de la politique : « Il est clair, nous dit-il, que comme toutes les communautés visent un certain bien, c’est le bien le plus éminent entre tous qui vise au plus haut point celle qui est la plus éminente de toutes et qui contient toutes les autres. 9- En se distinguant très nettement de « l’utopisme » platonicien alimenté par ses Idées, rappelons-le, les conceptions politiques d’Aristote reposent, avant tout, sur l’analyse de la structure sociologique des États existant à son époque et non sur son éventuel progrès. ), et se heurte à des techniques rivales (fabrication de tissu à partir du lin ; de la sparte, etc.) » Certes  ! En effet, le citoyen est une personne digne, en droit, d’accéder à une fonction de magistrat. » Pour nous, modernes, cette inter-dépendance entre constitution et gouvernement peut paraître étrange dans la mesure ou nos gouvernements changent souvent alors que notre constitution (fondatrice, pour ce qui nous concerne, de la cinquième république) ne varie que très peu. En effet, selon elle, il n'y a aucune indication que, jusqu'aux dialogues de la maturité, Platon prenne au sérieux l'idée de quantification de la vertu. ! Pour le moins, et à la suite de Platon, Aristote en doute : « Alors la loi est pure convention, et, comme l’a dit le sophiste Lycophron, elle est un garant de la justice dans les rapports mutuels, mais elle n’est pas capable de rendre les citoyens bons et justes. 27- Assez paradoxalement, car, finalement, c’était l’un de ses rôles, la philosophie n’est pas à l’origine de la démocratie. » Finalement, Platon n’est peut-être pas aussi éclairé qu’il n’y paraît. » Donc, si l’on adopte cette étrange formule, et bien qu’ils soient amenés à légiférer, ces candidats ne disposent ni d’une formation, ni d’une expérience, en matière politique. Éthique de Nicomaque, p. 146, 147. La nature propre de l’équité consiste à corriger la loi, dans la mesure où celle-ci se montre insuffisante en raison de son caractère général. 17- Incontestablement, il existe une tension entre la constitution et la démocratie. Elle s’inscrivit dans un processus politique amorcé par de grands législateurs dont l’un des plus brillants fut Solon (~640/~558 Av. Pour ce dernier, en effet, politique et éthique étaient étroitement liées. Ibid., p. 238. 1.2. C'est bien à cette société que nous avons donné le nom de cité, n'est-ce pas? A l’encontre de Platon, Aristote aurait recherché dans la réalité elle-même (c’est à dire, accessible à l’observation) les principes susceptibles de la mieux comprendre. Lisez le TOP 10 des citations d'Aristote pour mieux comprendre sa vie, ses actes et sa philosophie. Dans un État de droit, c’est le législateur (élu par le peuple dans une démocratie) qui est chargé de l’instaurer en tenant compte, bien évidemment, des évolutions sociologiques d’où, d’ailleurs, ses continuelles adaptations. En effet, tout en étant née d’un père et d’une mère Grecs, une femme n’était pas considérée comme une citoyenne. Par conséquent, l’égalité ne supprime pas les différences et, dès lors, s’accorde pleinement avec une réflexion sur la condition humaine. La permanence de ces facteurs physiques modèle en profondeur le matériau humain ; l'organisation de l'État en découle, superstructure politique appuyée sur une infrastructure morale. Il faut aussi détenir un savoir spécifique [21]. Relève-t-il davantage de l’inné ou de l’acquis ? Il en résulte, en effet, qu’ils deviennent importants du fait que le peuple est souverain en tout, et qu’eux sont souverains de l’opinion du peuple. » Montesquieu semble donc plaider pour une sorte d’élite qui serait la seule apte à légiférer et, a fortiori, à gouverner. C’est la raison pour laquelle, dans le cas de la fonction de stratège, on regardera plutôt l’expérience que la vertu, les dons de stratège, en effet, sont peu répandus, alors que l’honnêteté l’est plus ; mais pour une fonction de gardien du trésor ou d’intendant c’est le contraire, car cela demande plus de vertu que n’en possèdent la plupart des gens. Ce dernier se charge des êtres humains à un point tel que ces derniers n'ont rien à faire, ce que Platon ne semble guère apprécier tant il décrit cette vie de façon négative[25]. » Une fois encore, Aristote ne dément pas : « Le tyran est aussi un fauteur de guerre, de manière à ce que ses sujets n’aient aucun loisir et en viennent à avoir besoin d’un guide. La politique vise le bonheur.Aristote avance dans sa Politique qu’elle commence lorsque les hommes comprennent que le bonheur est une affaire collective, et non pas seulement privée.Dans sa perspective, l’accomplissement de l’individu et celui de la Cité ne sont pas antinomiques si la communauté organise la vie collective de manière juste, en permettant à chacun d’y trouver sa place. 3- Historiquement, et même philosophiquement, il existe une incontestable filiation entre le platonisme et l’aristotélisme et, de ce point de vue, on peut dire que le Lycée (École fondée par Aristote en –336) fut le descendant direct de l’Académie (École fondée par Platon en -387.) Y a-t-il, d'après toi, une autre cause à la fondation de la cité ? Antagonisme multi-séculaire exacerbé par la confrontation des égoïsmes qui caractérisent la plupart des communautés humaines : « La politique, nous dit André Comte-Sponville, n’est pas le contraire de l’égoïsme (ce qu’est la morale), mais son expression collective et conflictuelle : il s’agit d’être égoïstes ensemble, puisque tel est notre lot, et le plus efficacement possible. Car la multitude se laisse convaincre par eux (...) Car partout où les lois ne gouvernent pas, il n’y a pas de constitution. Ceci étant, il convient ici de se préserver d’une ambiguïté : qu’elle est l’acception de ce terme à laquelle Aristote se réfère ? Et non au premier, même si tous les bœufs et les chevaux et toutes les bêtes à l'envi témoignent du contraire par leur chasse à la jouissance ; le vulgaire s'y fie, comme les devins aux oiseaux, pour juger que les plaisirs sont les facteurs les plus puissants de la vie bonne, et regarde les amours des bêtes comme des témoins plus autorisés que ne le sont les amours nourris aux intuitions rationnelles de la muse philosophique (Philèbe 67 b) . Non  ! Donc pour Platon la division a échoué car elle ne peut prendre en compte les différentes fonctions attachées au politique [24]. En soumettant le peuple à ses énoncés, les lois sont donc homogénéisantes : elles s’adressent au général (l’ensemble des gens) et non au particulier (l’individu en soi.) Ils sont répartis en deux catégories : les gardiens "auxiliaires" et les gardiens "parfaits" ou régents ; les premiers, normalement les plus jeunes, étant responsables de la sé… 6- Nous sommes en –323 lorsque survint le décès d’Alexandre. La notion de justice, par exemple, n’a pas de référent sur lequel il serait possible de s’appuyer. En effet, sa critique de l’égalité se fonde sur une ambiguïté, une erreur, pourrait-on dire, lourde de conséquences : si l’égalité implique que les hommes ont une nature ou une dignité communes, elle ne décrète pas pour autant qu’ils soient semblables en tout point. Platon ne pouvait connaître l’article 1er de la déclaration des droits de l’homme de 1789 selon lequel : « Les hommes naissent et demeurent libres en droit. Aussi, de tous ces gouvernements, quand ils sont soumis aux lois, celui-ci est le pire, mais quand ils s’y dérobent, c’est le meilleur de tous ; s’ils sont tous déréglés, c’est en démocratie qu’il fait le meilleur vivre ; mais, s’ils sont bien ordonnés, c’est le pire pour y vivre (...) Le Politique, 303b. Il dit : « Il est clair que nous allons diviser la technique de la mesure en deux comme nous l'avons dit : en posant comme l'une de ses portions toutes les techniques pour lesquelles le nombre, la longueur, la profondeur, la largeur et la vitesse se mesurent par rapport à leurs contraires, et comme autre portion toutes les techniques qui se réfèrent à la juste mesure, à ce qui est convenable, opportun, requis, à tout ce qui tient le milieu entre les extrêmes (…) Le politique, 284 e). Les Politiques, p. 259. Et, si toi ou moi, transgressons cette règle, la loi est là pour nous rappeler à l’ordre. Certes non  ! Reste ensuite à déterminer qu’elle est la meilleure constitution. La puissance la plus grande que le pouvoir souverain peut acquérir est celle qui s’appuie sur la reconnaissance de son autorité par ceux sur qui elle s’exerce. Dans Le Politique, ce soin est comparé par un des participants au dialogue (L'Étranger) à la technique du tissage de la laine en partie parce que le tissage permet de fournir des vêtements qui protègent les hommes. Platon dans Le Politique utilise trois méthodes de recherche pour définir le politique : la division, le mythe et le paradigme. Pour Platon comme pour Aristote, penser la cité juste et ses contrefa çons ou ses approximations imparfaites suppose une anthropologie qui permette de comprendre comment l'organisation de la cité et la conduite de l'homme s'influencent mutuellement. !) Dès lors, et du moins logiquement (mais nous évoquons Aristote...), il ne peut exister qu’un premier moteur générateur d’un mouvement dépourvu de commencement et dont le temps n’est que la mesure. Or, et sauf erreur ou omission de ma part, je ne sache pas que Platon ou Aristote se soient insurgés contre cette injustice alors que, l’un et l’autre, ont beaucoup disserté sur ce sujet. Avec ses réserves et ambiguïtés habituelles, Platon évoque la démocratie en termes sibyllins : « Quant au gouvernement du petit nombre (l’oligarchie), de même que peu est un milieu entre un seul et la multitude, regardons-le de même comme un milieu entre les deux autres. Remarquons, cependant, que cette conception, qui concerne à la fois la cosmologie et la théologie, est au service d’une revendication d’Aristote : expliquer le mouvement. Toutefois, et abstraction faite des critiques formulées à l’égard de la bipolarité du monde platonicien, Aristote a également imaginé un univers dualiste : le monde supralunaire et le monde sublunaire. Elle s’inscrit bien dans un processus historique mais ne paraît pas, à ses yeux, pouvoir générer indéfiniment des modèles constitutionnels susceptibles d’améliorer sensiblement le bien commun. J.-C. Critias explique que cette histoire lui a été racontée par son grand-père Critias, qui la tenait de son père, Dropidès, qui la tenait de Solon, qui l'avait rapportée d'Égypte. et Que dois-je faire ? » En raison même de sa complexité, je me garderais bien, ici, de proposer une réponse, même partielle, à une telle question. Toujours menacée par les soubresauts de nos « cerveaux reptiliens », elle doit être protégée afin de préserver liberté et justice. » Il appert donc que la cité est à l’image des citoyens qui l’a composent. Cest pourquoi sa conception de la politique est, avant tout, descriptive et repose sur lanalyse dun très grand nombre de constitutions attachées aux cités grecques, notamment de son temps. Toutefois, le mythe conduit à une impasse car on ne peut le corriger[27]. Elle est à la fois cognitive (gnostiké) et directive (eptaktiké). Le juste, en effet, c’est quelque chose en rapport avec des personnes, et on dit qu’il faut qu’une part égale revienne à des gens égaux. Et nous disons que la constitution est, elle aussi, différente dans les deux cas, et nous établissons la même relation dans les autres cas. » Il semblerait donc que la vertu politique prolonge la vertu éthique. Platon et Aristote étaient deux grands penseurs et philosophes qui différaient dans l'explication de leurs concepts philosophiques. « Nul n’étant sensé l’ignorer » (ce qui n’implique pas, d’ailleurs, qu’elle soit systématiquement respectée), la loi a prévu des conditions juridiques (son versant répressif) afin d’assurer sa propre sauvegarde. Platon aborde ces thèmes dans son livre Le Politique. Dans le Philèbe, Platon voit les plaisirs comme nécessaires à l'équilibre physique et psychique des êtres humains, mais le plaisir n'est jamais chez lui qu'une compensation à l'imperfection humaine [30]. Arrive alors l'âge des dieux olympiens, où est rétabli l'« ordre immortel de l'univers[26] Â» tout en laissant une certaine liberté aux hommes. Enfin, la Constitution a pour rôle ultime d’assurer le bonheur, en favorisant notamment la vie contemplative – qui conduit à la sagesse – car même si l’action politique est indispensable, l a vie intellectuelle la surpasse « par sa puissance et sa valeur » (Aristote). En termes aristotéliciens, Jean Luc Mélenchon opte pour l’établissement « de toutes pièces » d’une nouvelle constitution alors qu’Emmanuel Macron propose « d’apporter son aide à la constitution existante. De même qu'une vie juste suppose que le noûs gouverne le thumos, et que celui-ci contrôle l’épithumia, la cité juste implique le gouvernement des philosophes, dont le noûs, la raison, est la vertu essentielle. En effet, cette ignominie (comme celle concernant la position des femmes dans la cité) ne semble guère avoir préoccupé une pensée philosophique finalement peu soucieuse d’une véritable égalité entre les hommes. A l’instar de la quatrième république en France (1945/1958), l’instabilité politique était la règle et, de fait, perdura jusqu’à l’asservissement de la Grèce à la suite de la bataille de Chéronée (en –338) gagnée par le Macédonien Philippe II. Plus tard, en –335, et mettant à profit les dures campagnes engagées par Alexandre aux abords des frontières balkaniques, les Grecs pensèrent que le moment était venu pour se soulever à nouveau. Pourquoi Platon lie-t-il philosophe et roi ? A la suite du départ d’Aristote, l’un de ses élèves, Théophraste, prit la direction de l’École jusqu’à sa mort en –287. Tel est assurément le but qu’ils ont avant tout, ensemble comme séparément. Et cela, à un point tel qu’il n’hésite pas à nous dire que : « Partout, en effet, ce qui est souverain, c’est le gouvernement de la cité, mais la constitution, c’est le gouvernement. S’il est imprudent d’affirmer qu’Aristote fut un démocrate zélé (le seul penseur qui, à cette époque, aurait pu revendiquer cette qualité est le sophiste Protagoras), il serait tout aussi déraisonnable de soutenir qu’il fut un adversaire acharné de la démocratie. De fait, et indépendamment de l’idée que l’on s’en fait (ici, je pense aux écologistes), la nature se moque complètement de la condition humaine. Et notamment dans un Occident qui n’est pas aussi nuisible que certains le pensent... 29- Il apparaît donc que, dès son énoncé, la notion aristotélicienne de la citoyenneté est singulièrement restreinte. Aussi avait-on pour habitude de fermer les yeux sur certains usages délictueux, notamment en matière financière, dès lors que les impératifs de notre État de droit n’étaient trop visiblement violés. ». Toutefois, cette question en appelle une autre : parmi ces constitutions, quelle est la meilleure ou, du moins, la moins nocive pour le plus grand nombre ? La voie étant ainsi tracée, restaient à définir les conditions devant être réunies afin de la parcourir. La mesure en tant que qualité est liée à ce qui est adéquat (prepon), au bon moment (kairion), à ce qui devrait être (deon), à ce qui n'est pas extrême (meson) [30]. ς)[6] ou « l'intelligence de l'école Â» (νοῦς τῆς διατριβῆς). Contrairement au sophiste Protagoras, pour lequel l’homme est la mesure de toute chose, Platon affirme que la vérité ne peut dépendre des jugements particuliers : « Puisque la raison et la déraison existent, nous dit-il, il est absolument impossible que Protagoras ait dit vrai. Et cela, indépendamment des traditions ancestrales qui peuvent expliquer, dans certains endroits de la planète, l’existence d’une dictature ? Pouvant être traduit par « égalité devant la loi », ce terme, « le plus beau nom qui soit, nous dit Hérodote », s’inscrit dans le strict champ politique exploré par la démocratie. Et c’est cela qui est mauvais, car il ne faut pas croire que ce soit un esclavage de vivre selon la constitution, c’est au contraire le salut. Je ne pense pas que la pensée platonicienne et aristotélicienne soit sortie grandie de ce paradoxe (pardon pour l’euphémisme.. Les Politiques, p. 390. Sur ce même site : La naissance de la démocratie à Athènes, section 16.) Moyen Âge et de son influence sur la réflexion politique en Occident dans Aubonnet2 1991, CXLVI-CXCVI. De fait, le débat entre interventionnistes et partisans d’une neutralité politique est loin d’être apaisé. Platon aborde la philosophie politique principalement dans trois livres : La République, Le Politique, et Les Lois. Ceci étant, il ne faudrait surtout pas penser que le Lycée fut une copie fidèle de l’Académie car la filiation ayant liée les deux Écoles n’impliqua aucunement une vassalité de la première vis à vis de la seconde.